Je suis sur la route d’Honfleur, charmante petite ville côtière normande. J’accompagne mon compagnon à un entretien d’embauche. Il est tunisien et est arrivé en France, fin juin. Il a travaillé en Dordogne quelques mois et est remonté en Normandie pour une nouvelle mission. Nous sommes très heureux tous les deux mais je pense que nous ne nous attendions pas à devoir, à ce point, retrouver de nouveaux repères alors que nous nous connaissons depuis 8 ans maintenant et que nous avons vécu ensemble en Tunisie. C’est une toute nouvelle vie pour lui mais pour moi aussi. Il est arrivé à un moment où je vivais, moi-même, de profonds changements professionnels qui étaient eux-mêmes induits par des expériences personnelles impactantes. Lui doit (re)trouver sa place dans un environnement totalement nouveau et très différent de ce qu’il connait. Moi, je dois (re)trouver ma place dans une nouvelle orientation professionnelle que j’ai choisie en début d’année. Nous devons (re)trouver notre place au sein de notre couple qui a perdu une partie de ses repères du fait d’un nouvel environnement et de profonds changements professionnels respectifs. Trouver sa place, retrouver sa place, c’est un challenge que nous expérimentons tous à plusieurs reprises dans notre vie et c’est vraiment intéressant de comprendre ce qui se joue dans ces périodes si particulières. Si j’ai choisi ce thème pour mon podcast du mois de janvier, ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas non plus parce qu’ « être à ma place », « me sentir à ma place », « retrouver ma place » est mon défi du moment. Si je l’ai choisi, c’est parce que j’ai réalisé que nous vivons dans une société qui fait vraiment tout pour que nous nous sentions constamment apeurés, pessimistes, frustrés, en colère… Elle y parvient assez bien la plupart du temps et ce n’est pas un hasard si elle fait ça. Le système actuel est à l’agonie mais le pouvoir politique et économique reste dans un profond déni. Il défend autant que possible le peu qu’il lui reste mais à quel prix !!! Et sa stratégie pour cela est de nous décentrer de nous-mêmes et de nous diviser…pour mieux régner…parce qu’une personne qui se sent alignée, à sa place, légitime et qui est en lien avec les autres est un potentiel danger (ça, c’est la vision de ce pouvoir qui cherche à nous gouverner… pas la mienne, bien sûr !!!) Lorsque nous nous sentons à notre place, on ressent une puissance intérieure très douce et très soutenante. Il y a comme une évidence de qui l’on est, de ce que l’on veut et surtout de ce que l’on ne veut pas ou plus. On est alors en mesure de faire face à tous les défis de la vie quels qu’ils soient avec une foi chevillée au corps. Gandhi, Martin Luther King, Mère Térésa, Nelson Mandela et tant d’autres l’avaient bien compris et d’autres moins connus aussi. Je pense sincèrement que c’est ainsi que l’on peut changer le monde (ou au moins certaines choses pour les plus sceptiques !!!). Je pense aussi que c’est ainsi que l’on traverse les périodes de crises dans les conditions les plus favorables. Ce travail de « recentrage » personnel repose sur plusieurs facteurs comme : – Nos ressources (ce qui nous apaise et nous redonne une belle énergie) – Notre environnement (personnes et lieux) – Notre foi (en Dieu, en la Vie, en l’Univers…) – Notre estime de Soi – Notre confiance en nous Il peut prendre du temps. Il peut être nécessaire de le refaire à plusieurs reprises dans notre vie. Il peut nécessiter l’aide d’une personne soutenante (thérapeute, accompagnant spirituel, coach…). Il doit absolument partir d’un élan intérieur, d’une intime conviction que cette démarche est précieuse pour nous mais aussi pour tous ceux qui nous entourent. Chaque jour, je me sens de plus en plus à ma place. Cela se fait lentement mais sûrement et c’est cela qui m’impressionne : cette lenteur, cette douceur mais en même temps, cette évidence et la puissance qui m’habite progressivement. |