Construire, se construire, se reconstruire dans une société en crise

Comment vous sentez-vous ?

Ouh loulou, je pense que je devine la réponse !!!

Un printemps maussade qui fait suite à un hiver tout aussi maussade, une fatigue morale et physique ou une forme de lassitude dont nous n’avons pas l’habitude, des perspectives d’avenir personnelles et/ou professionnelles assez floues…

Peut-être ne vous reconnaissez-vous pas dans ce que je viens de décrire et j’en suis vraiment heureuse pour vous ? Par contre, je suis sûre que si ce n’est pas vous, c’est au moins un de vos proches que vous allez reconnaitre dans ma description avec une forte majorité chez les jeunes (la tranche d’âge 20-35 ans est particulièrement touchée).

Nous traversons une crise économique, politique, sociale, philosophique et existentielle et merci qui ????

Merci le Covid (désolé, je n’arrive pas à dire « la »…peut-être une forme de raz-le-bol que l’on féminise tous les fléaux de la planète !) !!!

Le covid, il y a un bon moment que l’on n’en parle plus, qu’il a disparu des gros titres des journaux télévisés et de la presse écrite. Il a aussi et surtout disparu de nos pensées et de nos conversations et pourtant, le traumatisme qu’il nous a fait vivre et là et bien là, ancré au plus profond de nous. Et finalement, c’est aujourd’hui que nous en payons le prix fort.

Enfin, ce n’est pas lui directement qui a eu le plus d’impact sur nos vies et qui en a encore aujourd’hui mais bien les conséquences des décisions prises par notre gouvernement mais aussi au niveau mondial (depuis 2020 jusqu’à ce jour).

Je lis beaucoup d’ouvrages sur l’immigration dans lesquels il est expliqué qu’un réfugié qui subit toutes les violences liées à la fuite de son pays et à sa demande d’asile fait preuve d’une force mentale incroyable jusqu’à l’obtention de son titre de séjour (qui est pour lui synonyme d’espoir et de nouvelle vie). Puis une fois le titre obtenu, ils sont très nombreux à sombrer dans la dépression car ils ont certes échappé à un destin où la mort était très probable mais leur nouvelle vie est loin d’être ce qu’ils imaginaient : ils se retrouvent fragilisés par une expérience de vie traumatisante et ils doivent vivre dans un environnement quasi systématiquement précaire (pas de travail, un logement insalubre, des revenus en dessous du seuil de pauvreté, aucune vision précise de l’avenir même proche…)

Je confirme car j’ai un proche qui vit exactement ça. Il n’a aucun avenir dans son pays d’origine mais après de multiples démarches contraignantes, épuisantes et parfois humiliantes, il se trouve dans une situation qu’il était loin d’imaginer…tout ça pour ça !!!

Alors, oui, même si nous ne sommes pas dans la même situation qu’un migrant qui a fui son pays pour des raisons de survie, il est normal que l’on ne se sente pas au mieux de notre forme en ce moment. Le covid a été un prétexte pour nous « contraindre » encore plus, pour nous presser comme des petits citrons au profit d’une société consumériste sous prétexte de nous protéger du « mal ».

Nous ne l’avons pas forcément senti tout de suite, au moment où l’on contribuait individuellement et collectivement à contrôler ce virus. Nous avons été forts et courageux. Nous avons accepté beaucoup de choses qui étaient éprouvantes et contraires à notre éthique.

Et aujourd’hui, on se dit : « Tout ça pour ça !!! ».

Le covid, la guerre en Ukraine, le génocide en Palestine, cette crise économique…tout cela met en lumière un profond malaise sociétal ou l’humain et le vivant ne sont plus respectés.

Si je vous en parle, c’est que, que nous nous sentions touché.e.s personnellement ou que ce soit une (ou plusieurs) personnes de notre entourage, nous devons être conscient de cela et surtout du fait que c’est nous, en tant que personne mais aussi en tant que citoyen, qui allons nous sortir de cette impasse.

Alors que faire ?

(Ces propositions sont les miennes mais il y en a plein d’autres et c’est à vous de définir les vôtres qui s’harmoniseront, j’en suis sûre, avec toutes les personnes qui ont décidé de passer à l’action avec le cœur.)

  • Déjà, j’ai décidé que j’allais voter le 9 juin.

J’avoue avoir déserté les urnes aux dernières élections.

Votez « contre » m’épuise et il faut avouer que c’est devenu une habitude française vu le manque de propositions enthousiasmantes.

Cette fois-ci, je veux donner ma voix au parti écologiste EELV. Bien sûr, je n’attends pas d’eux qu’ils révolutionnent la situation mais je ne me reconnais plus dans aucun autre parti politique et celui-ci est le seul avec lequel j’ai encore des affinités et des valeurs en commun alors je tente (ce sera peut-être ma dernière fois mais qui ne tente rien…).

  • Revoir mes exigences à la baisse (N’en déplaise aux addicts de la pensée positive qui pensent qu’il suffit de penser et visualiser nos rêves pour qu’ils se réalisent…on est en 2024, les gars !!!). C’est très bien de visualiser un objectif qui nous fait rêver mais pour éviter la frustration, je préfère imaginer les étapes intermédiaires qui pourraient me combler tout autant que l’objectif lui-même parce qu’elles peuvent être une porte ouverte sur d’autres rêves et donc d’autres projets.

Ma santé m’a souvent obligée à « modifier mes plans » ces derniers temps mais finalement, cela m’a permis de prendre conscience que je me configurais beaucoup trop à ces principes de « performance » et de « rentabilité » constamment prônés par notre société capitaliste. J’étais le hamster dans la roue sauf que…la roue est en train de dérailler tellement elle va trop vite et je ne veux pas être dedans quand elle va casser.

  • Travailler sur mon perfectionnisme par tous les moyens possibles parce qu’il reste bloqué sur une façon d’agir qui n’est plus possible aujourd’hui.

J’ai lu dernièrement le témoignage d’un artiste-photographe, Jordan Matter, qui travaille beaucoup de manière très spontanée. Il dit : « Il ne faut pas avoir peur de l’erreur. Le problème selon moi, c’est que la plupart des gens sont conditionnés par la peur de se tromper. On pense à une idée et tout de suite, on réfléchit à toutes les raisons pour lesquelles elle est vouée à l’échec. Du coup, on passe à autre chose, parce qu’on a décidé que la première sera ratée ».

L’erreur est humaine. Il semblerait qu’on l’ait oublié mais en plus, elle permet d’apprendre et de réajuster ce qui sont des compétences dont nous allons avoir de plus en plus besoin. Le perfectionnisme fait de nous des êtres « rigides » alors que nous sommes à une ère du changement sur tous les plans et nous avons besoin de souplesse et de créativité.

  • Et du coup, travailler sa créativité parait indispensable car cela permet de se réinventer. Et le côté vertueux de la créativité, c’est qu’elle nous reconnecte à notre enfant intérieur et donc à la joie, à la spontanéité, à nos besoins essentiels (qui n’ont rien à voir avec les besoins créés par la société de consommation), à l’amour, à la nature et au vivant.

Bon, vous avez vu, la liste n’est pas si longue (bah oui, je viens de dire que je revoyais mes exigences à la baisse !!!) mais cela me parait déjà pas mal pour le moment et pour tout vous dire, cela fait plusieurs mois que j’ai déjà initié ces changements. Alors oui, cela n’a pas bouleversé le monde, on est bien d’accord mais j’ai quand même le sentiment d’être plus en harmonie avec moi-même, les autres humains et la nature…et puis, je pense à mes petits-enfants et à tous les enfants de la Terre envers qui je me suis engagée à leur recréer un environnement dans lequel ils pourront s’épanouir sereinement.

Cela reste difficile de se motiver chaque matin. Je suis parfois obligée de me mettre un coup de pied aux fesses et je me demande si on pourra arrêter cette machine infernale mais j’avoue que je préfère incarner le petit colibri de la légende que les autres animaux.

Je ne sais pas si je suis à 100% dans le juste mais j’essaie autant que possible d’être alignée avec mes valeurs et mes besoins et d’avancer sur mon chemin tout en restant respectueuse du vivant dans sa globalité.

Avec tout notre Amour.

Nathalie & Néophim

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