Une petite fille solitaire et très sensible
J’étais une petite fille très discrète, assez solitaire et dite « hypersensible ». Je me réfugiais souvent dans les livres et les créations artistiques où ma sensibilité était généreusement nourrie et où ma « différence » n’était plus un problème, au contraire.
J’ai détesté l’école à cause de l’esprit de compétition, du rythme qui n’était pas le mien, de l’autorité, de l’agitation, du bruit, des injustices, de l’espace fermé dans lequel je passais mes journées entières. Mais ce qui me consolait, c’était toujours les livres et toutes les connaissances qu’ils renfermaient, leur odeur de papier et d’encre aussi !!! J’adorais aussi les temps d’écriture où je laissais s’exprimer toute mon imagination, ma sensibilité et ma créativité ce qui, parfois, créait la surprise chez mes enseignants.
Une professionnelle épanouie, une mère comblée mais une femme éteinte
À 19 ans, je commence des études d’infirmière et je me trouve confrontée à un autre univers : le milieu hospitalier. Et là, même constat. Je ne suis pas dans mon élément. Par contre, j’adore le contact avec les patients mais je veux soigner selon MA propre sensibilité et non en devant me plier aux exigences d’un système que je ne cautionne pas depuis que je suis née.
Après l’obtention de mon diplôme, en 1990, je m’installe en tant qu’infirmière libérale et je commence à me sentir, ENFIN, à ma place. Ces années n’ont été que du bonheur. J’étais maître de mon temps et de la façon de porter de l’attention et du soin à mes patients. C’était une grande responsabilité mais je l’assumais avec un plaisir immense parce que j’étais alignée avec qui j’étais au plus profond de moi.
En parallèle de mon activité professionnelle, je continuais à pratiquer des activités artistiques, à lire et à écrire au quotidien. J’ai d’ailleurs transmis le virus à mes 3 enfants qui me suivaient dès leur plus jeune âge dans toutes les bibliothèques de la région.
Mais depuis toute petite, je me cachais sous une carapace de fille et de femme forte quoi qu’il arrive, étouffant mes émotions dès qu’elles se manifestaient.
Cela m’a conduit, en 2006, à la maladie. Maladie qui m’a obligée à stopper mon activité professionnelle et mes activités artistique, tout ce qui contribuait justement à mon équilibre !!!
5 ans plus tard, en 2011, je suis en invalidité, dans un fauteuil roulant et sans diagnostic.
Ma vie de femme, de maman et de professionnelle de la santé est dévastée.
« Je continuerai à faire ce que j’aime même si je dois le faire autrement »
À cette époque, J’étais fermement décidée à sortir de cette impasse. Ma créativité de grande sensible me permit de compenser, en partie, le handicap qui s’installait mais, malgré ça, mon état continuait de s’empirer.
Le problème, c’est que je cherchais la solution à l’extérieur en consultant des dizaines de médecins et en testant une multitude de traitements.
La sophrologie qui était entrée dans ma vie 20 ans plus tôt, m’a peu à peu réconciliée avec mon corps. J’ai alors compris que la solution était en moi mais je ne savais pas par où commencer et j’avais besoin d’un élément déclencheur : Ce fut la Tunisie qui me l’offrit en 2015.
Ma fille me proposa de partir avec elle. Sur le moment, je refusai car cela me paraissait surréaliste étant donné que je ne tenais pas plus que 30mn assise et ne marchait que quelques mètres. Mais elle insista et je finis par céder car malgré tout ce qui m’arrivait depuis toutes ces années, mon goût du risque et de l’aventure était toujours bien présent en moi.
Le premier jour du reste de ma Vie
27 août 2015 : Je fis le voyage le plus fou de ma vie : 8 heures au total pendant lesquelles je gérais mon énergie grâce à la sophrologie, la respiration consciente et d’autres techniques que je m’étais appropriée les quelques semaines avant notre départ. À mon arrivée, je me sentais tellement fière de moi : j’avais accompli ce que les médecins disaient impossible pour moi.
Mais le plus incroyable arriva les jours suivants. Nous nous sommes rendus à Tunis pour retrouver des amis et ils voulaient nous faire visiter la médina. C’était inaccessible en fauteuil roulant alors j’ai marché au bras de l’un d’entre eux. Je me sentais portée par une chaleur humaine et une énergie incroyable que je n’avais plus ressentie depuis bien longtemps. Je ressentais une joie immense à remarcher (presque) comme avant. Nous avons fait plusieurs pauses mais ce que j’étais en train d’accomplir était inespéré et surtout allait à l’opposé de ce que l’on m’avait prédit.
Ce que j’ai vécu, là-bas, pendant cette folle semaine fut le début d’une autre vie.
Une vie où, peu à peu, je compris ce qu’il se vivait en moi et que ma grande sensibilité était ma meilleure alliée si j’apprenais à la décoder et si je lui permettais de s’exprimer librement.
Je me familiarise avec mes émotions, mon intuition, les messages que mon corps m’envoie car, je l’ai compris à ce moment-là : il ne se trompe jamais et tout ce que je ressens, grâce à cette grande sensibilité, ce sont de précieuses informations qu’il me communique à chaque instant.
Alors, oui, c’est vrai que je continue à traverser des tempêtes et parfois elles sont bien intenses mais c’est le propre de la vie. Nous devons accepter cela. Nous devons accepter de ne pas tout contrôler.
Par contre, toutes les stratégies que j’ai développées depuis ce nouveau départ grâce, entre autres, à ma créativité, m’apportent une grande sérénité, énormément de confiance en moi et en la vie. Cette paix intérieure a transformé ma perception de chaque évènement que je vis mais aussi ma relation à moi-même et aux autres.
Une nouvelle mission qui a redonné tout son sens à ma Vie
J’ai également suivi une multitude de formations qui m’ont toutes tellement enrichie.
Et après 13 ans d’invalidité, en 2019, je décide de me créer une activité professionnelle qui me passionne tout autant que mon métier d’infirmière et qui est le prolongement de tout ce que j’ai vécu auparavant : Sophrologue et je m’engage à accompagner les personnes (hyper)sensibles à retrouver cette paix intérieure, à se sentir alignées avec leurs valeurs et leur besoins. Je ferai tout pour qu’elles se sentent fières d’elles, qu’elles retrouvent un sens à leur Vie et qu’elles puissent concrétiser leurs projets de coeur.
En 2023, je décide d’associer la lecture et l’écriture à la sophrologie car je constate, au quotidien, à quel point ces 3 pratiques contribuent à mon équilibre et nourrissent ma sensibilité. Je crée mes premiers ateliers de « Sophro-bibliothérapie » qui rencontrent, dès le début, un franc succès.
Je découvre également l’approche narrative et c’est un vrai coup de foudre professionnel : réécrire son histoire en se libérant des discours dominants limitants et en se réappropriant les récits qui nous font du bien, révèlent nos forces, nos talents et sont au service de notre vie telle que l’on a envie de la vivre. Redonner du sens à son histoire en redevenant auteur-acteur de sa vie.
Un très beau cadeau de mon (hyper)sensibilité assumée
Je peux enfin dire, aujourd’hui, que c’est en assumant complètement ma grande (hyper)sensibilité en m’appuyant sur toutes ces belles pratiques que je m’autorise à vivre intensément chaque instant tout en me sentant fière de moi, en paix avec moi-même et avec les autres.
Il me parait donc naturel d’associer la sophrologie et l’approche narrative à la lecture, l’écriture et aux arts créatifs dans les propositions que je fais en tant que thérapeute. Ce mariage peut paraitre surprenant mais je l’ai vu faire des miracles chez de nombreuses personnes que j’ai accompagnées et qui m’ont fait confiance.
Serez-vous la prochaine ?